Le moral et la résistance personnelle

Sous les brimades et la violence, pour beaucoup de détenus ne comptaient plus que l’instant présent et la survie. Pour y arriver, un égoïsme brutal et la faculté de s’imposer impitoyablement semblaient souvent être les seules possibilités. À l’opposé, l’expérience de la camaraderie et de la solidarité fut pour beaucoup d’autres un soutien précieux dans les situations difficiles. Les détenus qui arrivaient à maintenir des rapports de sympathie parvenaient plus facilement à sauvegarder leur dignité, leur libre arbitre et leur certituded’être supérieurs intellectuellement et moralement à leurs bourreaux. Certains parvenaient à mieux supporter les privations en se réfugiant dans un monde imaginaire. Souvent, le vécu concentrationnaire transformait le sentiment religieux des détenus: certains perdaient la foi dans la lutte quotidienne pour l’existence, pour d’autres au contraire elle représentait un soutien important

Contacts avec le monde extérieur

Le courrier était le lien le plus important avec l’extérieur. La SS ayant institué une censure, les détenus devaient formuler leurs lettres de telle façon que les SS ne s’en formalisent pas. Mais beaucoup de détenus avaient l’interdiction d’écrire ou de recevoir du courrier (c’était le cas par exemple des prisonniers de la compagnie disciplinaire, des détenus juifs et des prisonniers de l’action «Nacht und Nebel» (Nuit et Brouillard). D’autres détenus, dont les familles vivaient dans des régions non desservies par la poste, telles que les zones d’opérations en Union soviétique et en Italie, n’avaient aucune possibilité de contact. Quelques détenus avaient certes des contacts avec des civils dans le cadrede leur travail (par exemple avec le personnel des entreprises qui livraient des fournitures et les surveillants des usines d’armement), mais ceux-ci s’en tenaient la plupart du temps aux interdictions de contacts privés, par peur des sanctions.

tampon de censure

Activités culturelles

La lutte quotidienne pour la survie ne laissait que peu de place aux activités culturelles. Les conversations sur la littérature et la musique de leur pays étaient chez certains détenus l’expression de leur volonté de résister à l’anéantissement. Lorsqu’au début de 1942, pendant la quarantaine anti-typhus, le travail avait été suspendu, des possibilités s’offrirent de lire des histoires et des poèmes, d’interpréter des chansons, de présenter des tours d’adresse et de faire de la musique. En 1943/44, la SS autorisa parfois l’organisation de loisirs plus importants. Outre l’orchestre officiel chargé de jouer des marches pendant les appels, un orchestre du camp se forma, qui donnait parfois des concerts le dimanche. Il y avait également une bibliothèque, mais qui ne contenait que des livres en langue allemande. Les « bunte Abende » (sortes de soirées de variétés) qui avaient lieu de temps en temps, de même que les combats de boxe et les matchs de football attiraient pas mal de monde. Quelques dessins et objets bricolés, qui ont pu être sauvegardés, témoignent eux aussi de la volonté des détenus de résister à des conditions d’existence particulièrement dévastatrices.

Aquarelle de Jens Martin Sørensen, vers 1960. Avec l’ins- cription: « Les kommandos de travail rentrent au camp –Poste de garde principal – Orchestre des détenus – Neu- engamme».
Anciens détenus polonais qui avaient formé part de l'orchestre du camp. Mai 1945 à Malmö en Suède.

Dessins

Au camp, des détenus utilisaient tout ce qui leur tombait sous la main pour réaliser des croquis en cachette, à l’aide de crayons ou de charbon, sur des bouts de papier, au verso de formulaires et dans des carnets. Mais la plupart de ces oeuvres se sont perdues. Souvent, leurs auteurs les détruisirent eux-mêmes par mesure de prudence. Seules quelques unes purent être sorties du camp par des chemins souvent hasardeux. Le dessin était une des expressions de la résistance personnelle. Certains croquis servaient aussi de monnaie d’échange. La plupart des oeuvres artistiques furent réalisées juste après la libération, pour essayer de surmonter les souvenirs de la période concentrationnaire, mais aussi pour illustrer les atrocités perpétrées dans les camps. Parmi les détenus ayant réalisé ces dessins, très peu étaient des artistes professionnels. Pourtant, même les autres parvinrent à rendre, mieux que par n’importe quelle photographie, l’atmosphère de la vie quotidienne et la terreur qui régnait dans les camps.

Médiathèque

L'exposition principale "Traces du temps" ainsi que les autres expositions annexes sur le terrain du Mémorial du camp de concentration de Neuengamme sont également disponibles sous forme numérique dans la médiathèque du mémorial. La médiathèque n'est disponible qu'en allemand.

à la médiathèque
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